Des institutions danoises pas comme les autres

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‍Les institutions danoises les plus importantes ne sont pas forcément celles auxquelles on pourrait s'attendre. Ce n'est vraiment pas la taille — ici d'environ 5,5 millions d'habitants — qui compte, car ces 25 dernières années, le paysage institutionnel danois a bien changé. Parfois pour le mieux, parfois moins. Dans tous les cas, les quelques institutions que je présente ci-dessous sont incontournables, voire visitables ensemble pour certaines. Bonne lecture ;-)

Borgen; quand le Danemark envahit le petit écran du monde entier

En 2010, Danmarks Radio (la television et radio nationale Danoise) lancait la série télévisée  "Borgen" peu de temps avant un événement historique de taille: les Danois décidant pour la premiere fois de leur histoire d'avoir officiellement une femme à la tête du pays: Helle Thorning-Schmidt, âgée  seulement de 44 ans à l'époque, du parti social-démocrate. Borgen donnait donc les prémices d'un changement dans la politique nationale. Mais la série est encore d’actualité car c’est toujours une femme qui est à la tête du gouvernement: Mette Frederiksen, social-démocrate elle-aussi, depuis 2019.

Borgen, qui signifie "le château fortifié" (le petit nom donné par les danois aux bureaux du premier ministre à Christiansborg où siège le parlement Danois), fait tabac dès sa sortie. La politique danoise intéresse peu les Danois en général. Lorsque l'on regarde les résultats des élections nationales, le pourcentage des personnes votant est plutôt faible. Mais la série passionne, diffusée sur Arte en France et en Belgique, puis par Teva au Québec et maintenant sur Netflix. La série réunit 1,5 millions de téléspectateurs danois, un quart de la population ! Une première historique.

La série raconte le quotidien d’une femme, Birgitte Nyborg Christensen — incarnée par l’actrice Sidse Babett Knudsen — dans sa lutte pour garder son poste de première ministre. Au programme: complots, chantages, trahisons, rapports ambigus entre pouvoir et médias et, au milieu de tout ça, la vie d’une famille danoise moderne. L’homme est à la maison et madame au pouvoir, un peu caricatural car les couples danois ne sont si forcément si modernes, même si beaucoup d'hommes danois font la cuisine, c'est souvent madame qui fait le menage...

La série compte quelque 30 épisodes et est écrite par Adam Price, une personnalité forte dans le petit écran danois. Écrivain, il est aussi animateur de programmes culinaires avec son frère James. Leur père John Price était acteur et gastronome. Adam Price a déclaré dans une interview que l'inspiratrice de la série était sa mère, et l'histoire évoque des faits réels avant 1982. Il s'agit donc d'une fiction et non pas d'un documentaire ou d'une histoire vraie. Personnellement ce que j'aime dans Borgen, c'est le côté suspence, le rythme tient plus du policier que ce que l'on s'attend de la vie politique, surtout dans un pays Scandinave.

Le parlement Danois

Si Borgen est le nom des bureaux du premier ministre, le parlement qui siège à Christiansborg — dans le cœur historique de la capitale — s'appelle le Folketing. Son nom est une référence directe aux rois vikings, qui se réunissaient dans une assemblée : "Ting". L'assemblée "du peuple": Folketinget, donc.

Le Danemark connaît un changement profond en 1849. Le pays abandonne la monarchie absolue et passe à une monarchie parlementaire à 2 chambres. Mais depuis 1953, le parlement n'en a plus qu’une et change de nom. Le Folketing était l'une des deux chambres, l'autre s'appelant Landsting. Les deux chambres avaient les mêmes prérogatives mais elles représentaient des portions différentes de la population, ce que l'on considérait comme un peu vieillot en 1953, d'où le référendum. Le Folketing représentait les fermiers indépendants, les commerçants et la bourgeoisie ; le Landsting représentant les aristocrates et les riches fermiers.

Lorsque la nouvelle constitution est adoptée en 1953, on supprime le Landsting et le Riksdag prend le nom de Folketing. La monarchie devient donc parlementaire à une chambre. L’emplacement de Folketing ne change pas, puisque depuis 1849, le château de Copenhague (Københavns slot) porte le nom de Christiansborg : le château fortifié de Christian. La famille royale n'y habite pas, leur résidence étant le palais d’Amalienborg, près de la mer. Pour la petite histoire, il était prévu que la famille royale utilise les quelques 1000 m2 qui abritent Borgen lors de la reconstruction de Christiansborg au début du XXème siècle. La famille refuse de déménager d’Amalienborg, où elle réside depuis la fin du XVIIIème siècle et le gouvernement emménage alors dans les locaux, qui sont libres.

Le Folketing compte 175 membres, plus 2 membres pour le Grønland et 2 pour les Îles Féroé. Les parlementaires siègent pour une période de 4 ans, le vote est à la proportionnelle. Le Folketing a également un président, qui s'assure de son fonctionnement. Un rôle important et prestigieux.

Droit de vote au Danemark ?

Pour voter il faut avoir 18 ans et la nationalité danoise. Les Danoises ont le droit de vote depuis 1915. Comme étranger il est possible de voter pour les élections communales/municipales, mais uniquement après avoir habité au Danemark pendant au moins 5 ans.

Les principaux partis politiques principaux :

Le gouvernement danois est par excellence un gouvernement de coalition, où les alliances et les mésalliances sont nécessaires.

• Les Sociaux-Démocrates (Socialdemokratiet) , parti créé en 1871. Le parti est au pouvoir depuis les élections de 2019.
• Le Parti Radical (Det Radikale Venstre), créé en 1905, qui regroupait les associations des petits agriculteurs et les intellectuels citadins.
• Le Parti Libéral (Venstre), créé en 1870, soutenu par les associations d’agriculteurs et le mouvement coopératif. Venstre, qui signifie "gauche", c´est à dire à gauche des conservateurs, a le nombre de parlementaires le plus important après les sociaux-démocrates.
• Le Parti Populaire Conservateur (Det Konservative Folkeparti), appelé la Droite (Højre) jusqu’en 1915, qui regroupait les employeurs, des associations d’artisans et de commerçants, les grands exploitants agricoles et les hauts fonctionnaires. Un parti qui a perdu beaucoup de terrain ces dernières années.
• L’Alternative (Alternativet), parti écologiste, créé en 2013.
• La Liste de l’Unité (Enhedslisten), parti d’extrême gauche et un parti important pour les alliances politiques.
• Le Parti Populaire Danois (Dansk Folkeparti - DF), parti d'extrême droite, avec un programme dur sur les questions de l’immigration. Ce parti est entre autre responsable du fait qu’un ressortissant danois résidant pour plus de 5 ans à l’étranger perd le droit de voter aux élections danoises. Accords mis en place lorsque Venstre était au pouvoir avec un gouvernement de coalition entre 2015-2019.

Comment visiter le parlement ?
Le Folketing se visite et c´est gratuit. Il faut prendre “rendez-vous” sur internet. L'entrée pour les visites est la même que les parlementaires.

Les communes et régions

En 2007, le Danemark connait une réforme importante. Le pays passe de 270 communes à seulement 98, d’un coup, en faisait la fusion de communes, des mariages pas toujours faciles. Le maire et le conseil municipal siègent désormais pour une période de 4 ans. Le conseil municipal est principalement responsable des institutions sociales, de l'école primaire, des soins aux personnes âgées, de la culture, de l'environnement ainsi que des ponts et chaussées.

La carte des communes aprés 2007

Cette réforme transforme aussi les départements en régions, on passe de 13 départements à 5 régions, dont la gestion est confiée à un conseil régional élu par les citoyens. Ce conseil, qui n'a pas le pouvoir de prélever des impôts, est principalement responsable des hôpitaux et de la santé, ainsi que du développement régional.

la carte des régions aprés 2007

Les élections aux conseils régionaux et municipaux ayant lieu tous les 4 ans, il est impossible d’organiser un scrutin dans l’intervalle. Les litiges politiques ne peuvent être résolus par un appel aux électeurs, la politique communale est donc obligatoirement dominée, la plupart du temps, par la coopération entre les partis. La signature du paysage politique danois, c’est le consensus.

En 2007 la tendance était à la centralisation. Chose désormais en évolution. Les ministères sont peu à peu dispachés aux quatre coins du Danemark, dans l'espoir de limiter le pouvoir politique et décisionnel que concentre Copenhague, où presque un danois sur 4 vit actuellement.

La Couronne - une institution qui n'en est plus une

Margrethe 2 vient de fêter ses 81 ans. Née le 16 avril 1940, une semaine après l’invasion du Danemark par les Allemands, elle reste très populaire. Reine aux multiples talents, la peinture notamment, elle épouse en 1967 Henri de Laborde de Monpezat, décédé en 2018 à l'âge de 83 ans. La reine n'a ni le droit de vote, ni le droit de travailler, mais elle est chef de l'Eglise Nationale, qui est luthérienne. Une exigence écrite dans la constitution. Cependant elle a 3 droits, qui sont importants. Elle forme avec le premier ministre le gouvernement, elle a le droit de battre monnaie et elle réunit les armées en temps de guerre.

La famille royale est en général fortement populaire parmi la population, notamment Frederik, qui est amené à succéder à sa mère. Margrethe 2 n'a cependant pas l'intention d'abdiquer.

J'ai eu plusieurs fois l'occasion de guider pour la famille royale, notamment quelques années avant le décès du Prince Henri, aux collections Nivaagårds malerisamling, où je travaillais.

Le directeur m'avait téléphoné un peu d'urgence en me demandant de venir au musée car le Prince avait annoncé sa visite avec des amis. Pour lui plaire, on désirait avoir sur place une francophone de langue maternelle.

Je ne l'avais jamais rencontré, la presse danoise du moment n'était pas très en sa faveur et mes a priori étaient donc un peu "colorés". Lors de cette rencontre je m'aperçus que l'homme en question était fort agréable et très aimable. Mes collègues, qui avaient eu l'occasion de le rencontrer par le passé, me disaient d'ailleurs que c'était la personne la plus appréciée de la famille royale. Je ne suis pas royaliste, mais contente d'avoir eu la possibilité de réviser mes idées préconçues.

Apres son décès son sarcophage a été présenté et surprise de la presse, des centaines de danois faisaient la queue pendant des heures pour lui présenter leurs derniers hommages. Personnellement je me présentais au palais jaune pres d'Amalienborg pour écrire quelques mots dans le livre déposé à cet effet. Le Prince Henri était en effet un personnage un peu excentrique, amateur d'art et collectionneur, il était sculpteur et poète, ayant écrit avec la reine en 2014 deux recueils “la part des anges” et “la part d'Asgård”. Une expérience assez unique dans ma carrière.

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Le Danemark est certes un petit pays de par sa superficie, mais ses institutions le rende plutôt singulier et passionnant à visiter. Les salons de la reine et le Parlement à Christiansborg se visitent. Dans le blog précédent je mentionnais le travail de Bjørn Nørgaard dans les salons de représentation de la reine, que vous pouvez visiter avec moi. L'hôtel de ville de Copenhague que j'ai pas mentionné plus haut, se visite également, et je l’inclue souvent dans mes parcours. Ce très beau bâtiment du début du XXème siècle se trouve en face des jardins de Tivoli, le plus vieux parc d'attraction de Scandinavie, et une institution culturelle en elle-même.

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